Surface
22.05-19.06

L’exposition est présentée en collaboration avec Pal Project, Romero Paprocki, la Galerie ETC et la Galerie Paradis.
Grand Tour est situé au 123, rue de Turenne, Paris 3 et est ouvert du lundi au vendredi de 11h à 17h.

Lina Ben Rejeb
Marion Flament
Matisse Mesnil
Emmanuelle Leblanc
Lisa Ouakil
Ugo Sébastião
Lou Ros
Stan Van Steendam
Max Wechsler

Vers une nouvelle matérialité de l’image.

À une époque où la peinture semble avoir tout dit, une nouvelle génération d’artistes insuffle une nouvelle vie au médium en modifiant radicalement ses fondements. Héritiers des expériences de Supports/Surfaces et de l’Arte Povera, mais également marqués par la pensée de Georges Didi-Huberman, Jacques Rancière et Gilles Deleuze, ils revisitent l’histoire de la surface picturale pour en proposer une lecture plus large, plus sensible et plus contemporaine.

Cette « génération de la surface », incarnée par Matisse Mesnil, Marion Flament, Lou Ros, Stan Van Steendam, Ugo Sébastião, Lisa Ouakil, Lina Ben Rejeb et Emmanuelle Leblanc, ne se contente pas de remettre en question ce que nous voyons, mais surtout la manière dont nous voyons. Leur travail reflète une conception du visible en tant que matériau en mouvement. Il ne s’agit plus de représentation, mais d’apparence, de rendre l’image perceptible dans ses dimensions sensorielles et perceptuelles.

La mémoire, individuelle et collective, devient un matériau à part entière : une mémoire non linéaire composée de couches superposées, d’effacements, de traces et de résurgences. Pour Matisse Mesnil, elle est au cœur de sa pratique : ses œuvres apparaissent comme des palimpsestes, où chaque geste recouvre sans jamais effacer. Lou Ros aborde la peinture comme on déterre un souvenir : par strates, comme une figure qui émerge des profondeurs d’un rêve…

Dans le travail de Marion Flament, la lumière réactive des formes enfouies, des images mentales et des souvenirs sensoriels des espaces domestiques. Ugo Sébastião inscrit le volume dans la mémoire du geste : ses peintures explorent la façon dont le corps se souvient, comment il archive les mouvements, les pressions et les tensions. Lisa Ouakil construit une peinture fragmentaire, où chaque forme semble émerger d’un alphabet oublié ou d’une histoire à reconstruire. Emmanuelle Leblanc, quant à elle, explore la mémoire du silence, une peinture sourde et ténue qui invite l’œil à ralentir, à se rappeler comment voir.

Stan Van Steendam donne forme à une mémoire géologique : ses surfaces évoquent les strates du temps, les couches sédimentées de notre expérience du monde. Lina Ben Rejeb, par une approche méditative et minimaliste, explore une mémoire du vide, de la pureté, de ce qui reste quand tout a été dépouillé.

En écho à cette génération émergente, Max Wechsler, figure bien établie de la scène française, déploie un travail rigoureusement conceptuel où texte et matière s’entremêlent.

Il ne s’agit pas d’un manifeste. Cette exposition est un territoire mouvant, une zone de friction entre les disciplines, un espace expérimental dans lequel l’image est reconfigurée, non pas en tant qu’image-icône, mais en tant qu’image-matériau. Une peinture où la mémoire est à l’œuvre : mémoire du geste, mémoire de la forme, mémoire de la disparition.


– Manon Canto